Au bord des lignes



C’est quoi un Yakuza ?

Grace à Jake Adelstein et son style si particulier, vous vous coulerez comme un poisson dans l’eau entre ces lignes pour découvrir le grand océan de la mafia japonaise. Cette fois-ci sa plume de journaliste, précise et accrocheuse, s’attache à la vie de Saigo (engagé par l’auteur pour le garder de tout problème suite à son premier livre Tokyo Vice). Saigo, ado appartenant au départ à un gang de motards, devient Yakuza. Ce parcours personnel donne à voir  la fresque historique de ce monde parallèle de 1960 à nos jours. Idéologie, rituels, organisation, une visite dans un Japon à part.

Le dernier des Yakuzas, Jake Adelstein, éditions Marchialy, 21€


 

Mississippi’s burning !

Henning Wagenbreth  nous livre encore une fois la preuve de son enthousiasme graphique. La puissance de son univers illustré allié à la passion de la musique dite « noire » forment ici un joli bijou de BD accompagné d’un poster, dont la noirceur pop donnerait des couleurs à n’importe quel blanc-bec réactionnaire. Sous un style poétique et incisif et des paragraphes courts se jouant des mots, tout se rassemble pour portraiturer ces figures mythiques d’une Nouvelle-Orléans créatrice. Aucune limite, aucun filtre, ces âmes ont brûlé leurs multiples vies à la rapidité d’une allumette craquée. Mais qu’importe tant que le son est bon !

Honky Zombie Tonk, Henning Wagenbreth. Label Othello, Editions Le Nouvel Attila, 12€


 

 

Un lupanar au Panama

Parfaitement méconnu dans nos contrées, Alvaro Mutis est resté dans l’ombre de son ami et concitoyen Gabriel Garcia Marquez – qui lui dédia Cent ans de solitude. C’est tout de même dommage car Mutis a écrit une œuvre romanesque centrée sur un personnage récurrent absolument génial (dont il est transparent qu’il est un double d’Alvaro Mutis), une sorte de vieil anar désenchanté, j’ai nommé : Maqroll le Gabier !  Un nom délicieux et prometteur qui sent bon l’aventure et la mer (le gabier est un marin spécialisé dans les voiles et posté dans la gabie ou la hune). Ilona vient avec la pluie met en scène les mésaventures de Maqroll au Panama, territoire de transit où il serait impensable de rester à moins bien sûr que le destin, ce triste farceur, ne s’en mêle. Et pour le coup, Maqroll est un poissard dont tous les projets semblent toujours condamnés à l’échec. Cela confère au personnage la lucidité de celui qui ne se raconte pas d’histoire sachant bien qu’au final l’édifice s’écroulera. Désabusé donc mais pas découragé : Maqroll c’est l’incarnation de l’homme libre et sans attache aucune. Avec Ilona, son amie, son amante, son alter ego, ils jouent leur meilleure carte pour se sortir du Panama : monter un lupanar spécialisé dans les (fausses) hôtesses de l’air ! Maqroll, c’est le grand père qu’on aimerait tous avoir : un grand père peu enclin au respect des normes, qui a roulé sa bosse, n’a pas été épargné par les désillusions mais n’a pas sombré dans la déprime et qui ne renonce jamais à raconter une de ses innombrables aventures.

Ilona vient avec la pluie, Alvaro Mutis, éditions Grasset (collection Cahiers Rouges), 7,30€

 

Belles lectures !

L’équipe de la librairie, Lisa, Dorian, Julien, Anne, Hélène, Michel.

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